interupture // isabelle ménétrier

13 septembre  icon-arrow-circle-right 25 octobre 2008

Interface : n. f. Une interface est une zone, réelle ou virtuelle qui sépare deux éléments. L’interface désigne ainsi ce que chaque élément a besoin de connaître de l’autre pour pouvoir fonctionner correctement.

J’interroge la matière et son énergie tant dans les propositions dites “artistiques” que celles dites de design et leur éventuelle fabrication industrielle. Je questionne également la place du public tant dans son engagement physique et sensible, qu’intellectuel. Si mes préoccupations actuelles s’articulent autour de la notion d’espace, il est bien évident qu’elles me conduisent inévitablement à l’individu, à nos façons d’habiter l’espace, de l’encombrer, d’y circuler, de s’y rencontrer… Un projet nommé “b-attitude(s)” tente de rassembler certaines de ces notions. Il s’agit d’un module que j’appelle “petit b” puisqu’il a la forme d’un petit b, mais aussi d’un petit p, d’un petit q, d’un petit d. Utilisé seul ou combiné, ce module peut devenir tour à tour étagères, assises, espace de réunion…

Isabelle Ménétier

Pour cette artiste, design et art sont inséparables, dans le sens où le design et l’art mettent en jeu des questionnements communs quant à notre présence au Monde, la perception que l’on en a et l’usage que l’on en fait à travers les formes données et produites. Pour son intervention dans l’appartement/galerie Interface, Isabelle Ménétrier est partie du mot Interface. “La vie est une succession de passage du dedans au dehors du dehors au dedans”. En questionnant le sens du mot, elle propose une réflexion sur la notion d’intériorité et d’extériorité. Il n’est à priori jamais question dans nos vies d’un seul côté de la face, tout est continuellement mis en “inter” inter-action, inter-pénétration, inter-diction… !

Dans la première salle, le mur est l’élément central. Dès le seuil de l’appartement, la question du point de vue s’impose, elle est une des fondation de l’exposition. Une installation sonore et visuelle vient révéler le caractère public de ce lieu devenu, aujourd’hui, espace d’exposition. Le dispositif venant annuler la façade, les sons et images de l’extérieur entrent dans l’espace transformant le mur en une membrane perméable et sensible. Une série de dessins sur toile transparente dévoile un nouvel intérieur. Par l’exacerbation de la notion de point du vue, cette installation nous renvoie aux origines de la perspective. L’architecture prend corps jusque dans le tapis de sol. Chaque dispositif sonore, visuel ou plastique met à nu l’autre côté des murs. La seconde salle fonctionne comme un sas intermédiaire entre le dehors et le dedans où le spectateur est invité à pénétrer à l’intérieur de la structure. En allant jusqu’à la cave, une vidéo réalisée à partir de mouvements de cloisons questionne une nouvelle fois la notion d’architecture. Au sortir de ce parcours nous conduisant dans les entrailles du bâtiment, l’artiste nous propose alors une dernière pièce dans la cour. Il s’agit d’une photographie du ciel vue de cette cour, une image de l’extérieur comme annonce d’un ailleurs.

Nadège Marreau