les ponpons de Dijon // joël hubaut

5 décembre 2009  icon-arrow-circle-right  16 janvier 2010

Depuis 1970, Joël Hubaut place l’épidémie au centre de sa réflexion sur l’art et la société. Il s’agit d’un projet d’envahissement et de contamination par la prolifération de signes épidémik qui prolifèrent dès lors dans toutes ses productions et envahissent tous les supports dont s’empare l’artiste qu’il s’agisse d’objets, de véhicules, de corps ou d’espaces qu’il re-mix. Ce faisant l’artiste entend critiquer un ordre moral fondé sur la manipulation des comportements et le contrôle des individus(Patricia Brignonne, in. Joël Hubaut Re-mix épidémik, Esthétique de la dispersion, Les Presses du Réel, 2006, p. 56) : on nous contamine écrivait-il, on nous conditionne, on nous moule, je dois réagir aux inquisitions, aux uniformités et trouver mon propre vaccin pour faire éruption dans les rouages modélisés dominants (…) impossible pour moi de concevoir le saucissonnage et la spécialisation cloisonnée des médiums, des appareillages culturels balisés.(Joël Hubaut, in. Op.cit p. 41)

Joël Hubaut souvent qualifié d’artiste inclassable est un précurseur du mixage . Nourri tout à la fois par Rabelais, Fourrier, Brisset ou William Bourroughs…, Satie, la musique répétitive, le rock’n roll, Malévitch, Duchamp, Théo Van Doesburg ou les réflexions théoriques du groupe B.M.P.T, il développe une œuvre hybride et transversale (dessin, installation, photo, musique, sculpture, peinture, vidéo, écriture, poésie visuelle et sonore, action, édition, organisations d’évènements, enseignement…) où sont mixées sans hiérarchie aucune toutes ces sources hétéroclites avec des formes d’expressions mineures et populaires. 
Il y a de la dérision et de la parodie dans le jeu de Joël Hubaut mais qu’on ne s’y méprenne : La parodie, ainsi que la rappelle Arnaud Labelle-Rojoux, n’a rien de désinvolte. Elle est bouffonne, burlesque, tout ce que vous voudrez, mais elle n’est pas désinvolte. Elle prend les choses à cœur (…). Sauf qu’elle les exprime hors du sérieux apparent, avec vulgarité si nécessaire, sans craindre la dégradation de son objet 1. Et si Joël Hubaut se travestit volontiers en bouffon, c’est qu’il peut, par ce biais, mieux révéler la dimension tragique du monde. Il s’agit bel et bien d’une attitude morale. Artiste de la démesure et du débordement absolu.(…) Performer radical-infatiguable, jusqu’au boutiste de la fatal error, accumulateur frénétique et architecte du délire, Hubaut est un constructeur de situations paradoxales et d’évènements hilarants, dionysiaques et jouissifs. Il fait le vide par le plein en riant de tout : il actionne et pulvérise les concepts et idéologies dans un va et vient absurde, rhyzomatique et orgiastique…(Erratum Évènements)


Pour son exposition à Dijon, Joël Hubaut, développe encore son jeu des correspondances et des non-coïncidences. Il monte coupe et colle tout ce qu’il voit ou entend. Insatiable, il voile le délicat et le sensible pour mieux flouter aigu. Il ingère tel Gargantua, tout ce qu’il approche. Ici il établit d’improbables liens subliminaux entre le sculpteur animalier François Pompon et l’homme en noir de Xavier Forneret pour dévoiler/révéler en quelque sorte l’inconscient de la ville, le merveilleux du quotidien comme le désiraient les situationnistes avec quelques ponponnades aléatoires. Une exposition show-bizz à ponpons roses et noirs. Joël Hubaut nous promet aussi en avant première, un mini fractal/montage du film y’a pas d’heure pour vivre qu’il co-réalise avec Lydie Jean-Dit-Pannel, ainsi que les débuts de Stone & Charnel, une vidéo-performance en duo avec Léa Le Bricomte. Que les fans se rassurent , objets fétiches et merchandising seront de la party.

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édition horsd’oeuvre n°20
article d’Astrid Gagnard dans le journal horsd’oeuvre n°14

 icon-share anniversaire de l’art – party CUT-UP de cheveux en 4 dans la soupe

Joël Hubaut est né en 1947 à Amiens
. Il vit et travaille à Réville en Normandie

 

  1. 2. Arnaud Labelle-Rojoux, in. Op.cit p. 246  (back)