ACABIT // valère costes

12 MARS  icon-arrow-circle-right  16 AVRIL 2005

Le travail de Valère Costes joue de la distance qui sépare notre appréhension de la nature et la compréhension que l’on peut en avoir. Cette distinction, entre la connaissance et la vérité d’une nature, par essence sauvage, est le lieu de tous les malentendus, de ceux qui confrontent un idéal à une réalité.

Son univers plastique est peuplé de robots de tout genre, machines célibataires qui s’escriment à mouvoir leurs bras mécaniques et leurs végétations de plastiques. Car ce qui intéresse l’artiste, on l’aura compris, c’est ce rapport entre la construction et l’évolution, entre un point de vue naturel et une conception « civilisée ». L’art de Valère Costes n’est pas dénué d’humour, une certaine forme de burlesque est mis en scène, il répond à cette extravagante construction qu’est l’idée de nature. C’est à travers la mécanique et les matériaux que s’exprime cette forme d’humour et d’ironie. La maladresse et le manque d’assurance de la chorégraphie, alliés à la nature artificielle des végétaux mettent en évidence une sorte de dérision qui, parfois, peut-être touchante. Pour Interface, l’artiste a conçu plusieurs machines aux mécanismes simples qui évoquent de manière rudimentaire des événements naturels tels que le vent dans des herbes hautes ou la tempête et les vagues. Il est souvent question du souffle dans la production de Valère Costes. Le souffle, comme un immatériel saisissant, comme un paradigme de l’existence. L’artiste l’intègre et l’exclut d’un même geste. Car ne reste plus qu’une essence, qu’une trace, le mouvement. Ses machines tentent de mettre en rapport une esthétique tranchée et le chaos de la nature. Mais ne nous y trompons pas, Valère Costes ne tente pas de reproduire les mouvements naturels, il s’amuse de ce qu’une machine puisse être perçue comme un système de simulation artificielle. Il n’est pas question de reproduire quelque chose mais de prendre du recul par rapport à cette tentative de restitution. L’appréhension des pièces de Valère Costes implique immanquablement une lecture qui va au-delà de la surface des objets.

Guillaume Mansart