antoine nessi & paul paillet // Monuments pour la société cauchemardesque

31 janvier  07 mars 2015

vernissage • samedi 31 janvier 2015

Monuments à …..

“ Tout homme également avait le droit, dans sa vie quotidienne, d’être entouré de beaux objets. Il alliait cette conviction à un activisme socialiste qui l’a conduit de plus en plus à s’engager dans les mouvements d’émancipation du prolétariat, il voulait simplement mettre fin au système de production industrielle.”
Michel Houellbecq

 

L’appartement, transformé, est devenu un white cube poussé à l’extrême, tant le blanc est présent. Les couleurs et ses référents ont fait place à la neutralité et à l’aseptisation du noir et blanc.
Nous nous trouvons dans un espace où seraient présentés les nouveaux codes esthétiques officiels. Cette société, à laquelle les artistes appartiendraient, utiliserait une pensée artistique exacerbée, où, pour ainsi dire, l’art serait le moyen de modeler le monde par le biais de l’esthétique, ce qui finalement, est le fantasme de tout créateur. L’art comme la propagande se voit confronté au phénomène de la réception et a besoin d’un public. Pour cette raison, ce nouvel ordre social manifesterait le souci de régenter l’art et d’en tirer parti. Antoine Nessi et Paul Paillet se sont réunis autour d’un projet qu’ils intitulent “ Monuments pour la société cauchemardesque ” et nous convient à découvrir des monuments pour une société… imaginaire, car, je précise, tout ceci n’est que science-fiction.
Dans cet espace de réunion, on y découvre des prototypes et des maquettes de monuments. Pourtant, à propos de monuments, Valérie Dupont, après avoir noté qu’aujourd’hui dans notre société postmoderniste les grands récits ont perdu leur légitimité (cf. J.F Lyotard), écrivait ceci : La valeur fédérative et commémorative des monuments se heurte aujourd’hui à une inquiétude inlassablement répétée : “ Est-ce la fin de l’histoire ? ”.(…) Confronté à l’incertitude, l’imaginaire interroge le monument.1 Dans ce projet, les deux sculpteurs s’inventent un rôle d’artistes au service d’une utopie négative et posent la question : au travers de la commande, l’artiste doit-il obligatoirement choisir entre la servitude, l’indifférence ou la contestation ?

Nadège Marreau

 

  1. Valérie Dupont, extrait “ Monument, monumental, monumentalité… de puis plus rien ”, dans hors’oeuvre n°30, 2012  (back)